Les prélèvements d'organes et de tissus sont réalisés
dans les Centres Hospitaliers autorisés. L'autorisation est délivrée
par l'Agence régionale d'hospitalisation pour une durée
de 5 ans. Lorsqu'un donneur potentiel est signalé dans un
Centre non autorisé, il doit être transféré dans le Centre
Hospitalier autorisé le plus proche. Un réseau de prélèvement
est en cours de mise en place dans l'interrégion Ouest, pour
faciliter ces transferts depuis 2003. Il s'agit de l'action de communication
"Un réflexe pour la greffe" qui mobilise l'ensemble
du personnel de 80 hôpitaux non préleveurs de la région.
Cette autorisation est essentiellement soumise à l'existence d'un
plateau technique suffisant et de personnels dédiés
garantissant le respect des " Règles de bonnes pratiques ".
L'organisation locale des prélèvements d'organes est assurée par
la coordination hospitalière infirmière et médicale
en collaboration avec le régulateur de l'agence de la biomédecine.
Le coordinateur hospitalier est prévenu le plus tôt possible
au moment du diagnostic clinique de l'état de mort encéphalique.
L'équipe médicale va poursuivre la prise en charge de ce donneur
dans l'optique du prélèvement des organes. Cette prise
en charge vise à pallier à l'important retentissement
cardiovasculaire entraîné par la perte irréversible des fonctions
cérébrales.
Le coordinateur hospitalier va prendre en charge toute l'organisation
logistique de l'intervention de prélèvement et travailler en relation
directe avec l'Agence de la biomédecine à l'échelon régional.
Il va effectuer les démarches administratives et médico légales
prévues par la loi.
Les proches
La première étape est la recherche
obligatoire du consentement :
"LE PRELEVEMENT PEUT ETRE EFFECTUE
DES LORS QUE LA PERSONNE CONCERNEE N'A PAS FAIT CONNAITRE, DE SON
VIVANT, LE REFUS D'UN TEL PRELEVEMENT."
La loi d'Aout 2004 a modifié le texte initial : on ne recherche
plus la volonté de la personne décédée
mais son opposition.
"Si le médecin n’a
pas directement connaissance de la volonté du défunt,
il doit s ’efforcer de recueillir auprès des proches
l ’OPPOSITION au don d ’organes éventuellement
exprimée de son vivant par le défunt, par tout moyen,
et il les informe de la finalité des prélèvements
envisagés".
La loi impose donc l'interrogation du Registre National des Refus
et un entretien avec les proches.
Cet entretien est réalisé après
un délai suivant l'annonce du décès. Il doit
être effectué dans une pièce adaptée
disposant d'un téléphone. Chaque famille est un cas
particulier. Avant d'envisager avec elle le prélèvement
d'organes, il faut s'assurer de la bonne compréhension du
diagnostic de mort encéphalique. L'annonce du décès
d'un proche est un traumatisme psychologique qui peut s'exprimer
par de multiples comportements correspondant à de nombreuses
émotions . La coordination hospitalière doit être
attentive aux émotions exprimées par les proches.
Elle doit apporter une aide, en posant tout d'abord des questions
ouvertes, et aborder ensuite la question du don.
Parfois, une carte de donneur retrouvée dans les effets du défunt
peut aider dans la discussion .
Dans le cas d'un défunt mineur, ou majeur placé sous mesure de protection
légale, il est nécessaire d'obtenir l'autorisation écrite de chacun
des titulaires de l'autorité.
Bilan du donneur
Le coordinateur hospitalier regroupe tous les résultats des examens
biologiques complétés par les examens d'imageries concernant la
qualité fonctionnelle des organes ainsi que les examens permettant
la qualité sanitaire des organes (sérologies).
Règlement des problème médico légaux et administratifs
Parallèlement, le coordinateur hospitalier prend contact avec le
Procureur de la République dans tous les cas de mort violente ou
de mort d'origine suspecte ainsi qu'avec la direction de son hôpital.
Répartition des greffons
Le coordinateur hospitalier transmet tous les éléments
du dossier du donneur au Service de Régulation et d'Appui de l'Agence
de la biomédecine de sa région.
Le régulateur régional d'astreinte en accord avec le réanimateur
et le coordinateur hospitalier décide des organes prélevables en
fonction de l'estimation de leur qualité en fonction du bilan organe
par organe.
Le régulateur régional recherche les receveurs compatibles en appliquant
les règles de répartition des greffons. La répartition des
organes est du ressort exclusif de l'Agence de la biomédecine.
L'attribution définitive d'un organe est du ressort de l'équipe
médicale de transplantation ayant en charge le receveur.
Les règles de répartition sont
publiées au Journal Officiel de la république française.
Ces règles sont complexes et leur application nécessite
un logiciel (CRISTAL) prenant en compte les caractéristiques
de tous les sujets en attente et celles du donneur. Il existe tout
d'abord des priotités nationales, Supers Urgences Coeur et
Foie, sujets hyperimmunisés en attente d'un rein, enfants
prioritaires pour les organes d'enfants ou de sujets jeunes. En
dehors de ces priorités les greffons sont répartis
puis attribués localement s'il y a des receveurs compatibles
localement, puis régionalement puis au niveau national en l'absence
de receveur régional compatible. La proposition d'un organe
peut sortir du cadre national (niveau européen).
La compatibilité correspond au groupe sanguin (on transplante toujours
en isogroupe), au rapport de poids, de taille et d'age entre donneur
et receveurs. Pour les reins le typage HLA intervient également,
mais n'est pas le seul élément.
Pour la plupart des organes, à l'exception des reins prélevés
par les équipes chirurgicales locales, les équipes extérieures
ayant accepté un organe se déplacent pour prélever.
Le régulateur régional et le coordinateur hospitalier
vont déterminer les horaires du prélèvement d'organes en tenant
compte des horaires d'arrivée des différentes équipes en sachant
que les greffons sont préparés dans un ordre bien précis
(rein, foie, pancréas, coeur, poumons).
Le coordinateur organise toute la logistique nécessitée par ces
différents transferts.
Les délais de conservation des greffons prélevés étant très
courts (4 heures pour le coeur), les équipes de transplantation
utilisent la plupart du temps des moyens de transport aérien.
L'intervention de prélèvement
Au cours de l'intervention de prélèvement, faite
au bloc opératoire, le coordinateur hospitalier est présent.
Il est le lien entre les chirurgiens préleveurs, les équipes de
transplantation et la régulation régionale. Il doit veiller à
la qualité des greffons, à leur conditionnement, leur étiquetage
et s'assurer de leur transport..
Il s'assure du respect des règles de bonnes pratiques ainsi que
de la qualité de la restauration du corps du donneur en fin d'intervention
qui doit être aussi parfaite que possible.
Suivi des greffons transplantés
Le Centre hospitalier de prélèvement sera informé
des résultats des greffes. A la demande des familles le coordinateur
hospitalier pourra donner anonymement des nouvelles des greffés.
Un système de vigilance est en place dans tous les hôpitaux.
Le système informatique CRISTAL de l'Agence de la biomédecine
permet d'assurer une traçabilité sans faille des greffons.