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Les greffes cutanées
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Greffe d'Os
Les brûlures
Une brûlure est une atteinte de la peau voire des tissus
sous-jacents, sous l'effet de différents agents en particulier
thermiques, électriques et chimiques. Le diagnostic repose sur
l'évaluation de la surface du corps atteinte, exprimée en
pourcentage, et sur celle de la profondeur des lésions, exprimée en
degré du 1er au 3ème.
Ce traumatisme est encore aujourd'hui un des plus graves que
puisse subir un être humain : la mortalité reste importante en dépit
des progrès thérapeutiques et il persiste très souvent des séquelles
dramatiques. Le traitement relève d'équipes spécialisées dans des
centres de brûlés.
Les autogreffes cutanées
Lorsque les brûlures sont profondes (3ème degré le plus souvent),
c'est à dire quand toute l'épaisseur de la peau est atteinte, la
cicatrisation spontanée est impossible et il faut remplacer la
peau. Les greffes cutanées minces sont la méthode de référence :
des prélèvements de peau sont pratiqués chez le patient lui-même
avec différents types d'appareils sur des surfaces de peau saines ou
cicatrisées. Ils sont ensuite appliquées sur les zones de
brûlure. Il est évident que plus la surface brûlée augmente, plus
l'étendue des surfaces où il est possible de prélever de la peau
diminue. Il a donc été nécessaire de trouver des techniques
permettant de pallier à ce déficit : les allogreffes cutanées en
font partie.
Allogreffes cutanées
Les allogreffes cutanées sont utilisées
pour soigner les grands brûlés. Leur utilisation, qui remonte à la
seconde guerre mondiale, a joué un rôle très important dans les
progrès enregistrés depuis cette époque dans le traitement des
brûlures. Elles sont aujourd'hui irremplaçables chez un certain
nombre de patients.
Rôle des allogreffes cutanées
Les allogreffes cutanées remplacent la peau dans une grande
partie de ses fonctions en particulier de protection métabolique et
anti-infectieuse . Il faut aussi souligner leur importance dans la
lutte contre la douleur. A ce jour elles sont utilisées en tant
que couverture temporaire ou partiellement temporaire. Comme tout
élément allogènique, elles provoquent une réaction de rejet mais
celle-ci est très atténuée et retardée chez les brûlés car les
brûlures provoque une chute de l'immunité de ces patients.
Initialement les allogreffes ont été utilisées en "pansements
biologiques" et donc remplacées souvent. Actuellement elles sont
appliquées pour "prendre" c'est-à-dire adhérer, sur les plaies et
même être "revascularisées" ce qui signifie que les cellules
pénètrent dans la partie profonde de la peau, le derme, ce qui
permet son intégration et souvent sa conservation définitive (les
cellules du donneur sont remplacées par les cellules du receveur ce
qui est par contre impossible au niveau de l'épiderme, la partie
externe de la peau).
Cadre des prélèvements et de l'utilisation
Actuellement, les allogreffes cutanées sont le plus souvent
prélevées sur des donneurs décédés et selon les normes de la
législation des Prélèvements d'Organes et de Tissus et de l'asepsie
chirurgicale.
Elles sont conditionnées puis stockées dans les
Banques de Tissus en vapeur d'azote liquide. Lorsque l'indication de
leur utilisation thérapeutique est posée, la technique fait l'objet
d'une information auprès des patients (ou de leur proches) et de
mesures permettant la traçabilité.
Modalités d'utilisation
Au cours des interventions chirurgicales, les escarres, la partie
totalement détruite de la peau, sont excisées, c'est-à-dire enlevées
ce qui crée une plaie qui doit être fermée. Les allogreffes peuvent
être utilisées selon différentes modalités. Les allogreffes
peuvent être utilisées seules. Avant qu'elles ne soient rejetées,
soit elles sont totalement enlevées et remplacées par des
autogreffes, soit seule la partie superficielle, épidermique, est
supprimée et remplacée par des autogreffes ou des "cultures
autologues de kératinocytes" (cultures d'épiderme à partir des
cellules du patient).
Les allogreffes sont aussi fréquemment utilisées en association
avec des autogreffes. En effet les techniques qui permettent
d'augmenter la surface des autogreffes dans de grandes proportions,
fragilisent ces greffes. Pour permettre leur prise et leur
développement, au cours de la même intervention chirurgicale, elles
sont recouvertes par des allogreffes. Les deux types de peau
"prennent" simultanément, progressivement les cellules du patient
réhabitent la partie profonde des allogreffes, parallèlement les
cellules épidermiques allogèniques du donneur sont éliminées petit à
petit et remplacées par celles des autogreffes qui progressent,
assurant ainsi la couverture complète et définitive des plaies.
Problèmes rencontrés
Bien qu'ayant servi de base aux recherches sur les
transplantations d'organes, les allogreffes cutanées ne sont pas
utilisées seules comme des transplants définitifs. Cependant il
n'est pas impossible que dans l'avenir cette situation change. Il
existe souvent un déficit majeur dans la disponibilité en
allogreffes cutanées ce qui conduit à des problèmes thérapeutiques
graves. En effet malgré le développement des produits de
synthèse, les allogreffes ont des fonctions spécifiques et par
exemple il est obligatoire d'en appliquer avant la pose des cultures
autologues de kératinocytes chez les brûlés les plus gravement
atteints. Dans ce contexte, il serait essentiel de pouvoir
développer les prélèvements.
NoteLes indications qui sont données sont obligatoirement
très schématiques et ne rendent pas compte de la complexité des
situations et des actes. La spécialité médicale traitant des
brûlures est désormais appelée "brûlologie" et est exercée dans des
centres ou services de brûlés spécialisés.
Lexique
Greffe cutanée : fragment de peau, "greffon", prélevé sur un
endroit du corps puis transplanté sur un autre endroit où il existe
une plaie qui ne peut pas cicatriser spontanément. Chez les
brûlés, il s'agit le plus souvent de "greffes dermo-épidermiques
minces" ce qui signifie que la surface où les greffons sont prélevés
cicatrise. Plusieurs greffons peuvent être prélevés successivement
au même endroit après cicatrisation. * Autogreffe cutanée :
greffe cutanée prélevée et greffée sur la même personne. *
Allogreffe cutanée : greffe cutanée prélevée sur une personne autre
que celle sur laquelle elle est greffée.
Greffe d'Os
Chacun sait que le squelette osseux constitue la "charpente" du corps humain. Ce rôle de soutien fait que la qualité principale d'une greffe
osseuse est sa solidité.
- La greffe osseuse reste indispensable: en effet, les tissus osseux d'origine animale sont abandonnés pour des raisons facilement
compréhensibles (prions). Les industriels savent fabriquer des os synthétiques. Ils le font à partir de substances chimiques ou parfois de
coraux. Mais dans tous les cas, la solidité de cet "os" est au moins 10 fois inférieure à celle d'un os humain. Celle-ci reste donc la seule
solution lorsqu'une maladie oblige le chirurgien à retirer un grand fragment de squelette (tumeurs malignes des os, os mort autour d'une prothèse
de hanche descellée..) et à la remplacer par un os qui doit être immédiatement solide pour éviter une fracture ou permettre la mise en place
d'une prothèse *.
- L'avantage de l'os est d'être un tissu et non un organe. Lorsqu'elle est implantée la greffe d'os est une trame quasi-minérale qui ne
contient plus de cellules vivantes. Elle sera progressivement recolonisée par les cellules osseuses vivantes du receveur. Ceci présente des avantages
pour la tolérance du greffon: n'ayant plus de cellules vivantes celui risque très peu d'être rejeté par l'appareil immunitaire du receveur qui n'aura
donc pas à prendre de traitement anti-rejet. D'autre part un tissu ne contenant pas de cellules vivantes peut être conservé pendant des années à très
basses températures (-80°C) sans perdre ses qualités**. Cela laisse tout le temps aux équipes des banques d'os d'assurer une sécurité infectieuse
maximale au futur receveur en éliminant les greffons pour lesquels un doute existerait lors du bilan de son donneur.
- Il existe 2 types de greffes osseuses d'origine humaine
Ce sont toutes deux des "allogreffes" c'est à dire venant d'un donneur humain, par opposition aux xénogreffes venant du règne animale ou des
autogreffes venant du greffé lui-même.
- Les "têtes fémorales": ce sont les extrémités supérieures du fémur retirée pour mettre en place une prothèse totale de hanche pour une arthrose
banale. Chacun d'entre nous peut donc être un donneur potentiel s'il bénéficie d'une telle opération. Bien entendu, son autorisation est
indispensable et il faut accepter un bilan sanguin 6 mois après la prothèse pour revérifier l'absence de toute infection du donneur.
Ces têtes fémorales sont utilisées par de nombreux chirurgiens, mais uniquement pour combler de petites cavités osseuses
- Les "allogreffes massives" sont des os complets (bassin, fémur, tibia) prélevés sur des donneurs multi-organes. L'accord de la famille est
impératif et les équipes de prélèvement attachent une grande importance à réaliser des prélèvements limités et à effectuer une reconstruction
minutieuse du squelette du donneur par des os synthétiques sur mesure***. En France, seules quelques équipes assurent le prélèvement et
l'implantation de ces allogreffes massives dont la mise ne place impose des mesures d'asepsie maximale**** (scaphandre opératoire…).
Dans les 2 cas le stockage d'attente des allogreffes est assuré par les "Banques d'Os" travaillant en parfaite transparence et traçabilité
en collaboration avec l'Etablissement Français des Greffes".
- L'avenir des greffes d'os passe par leur association à des techniques accélérant leur intégration et leur consolidation. Quelques équipes
de recherche (dont celle de Rennes) travaillent ainsi sur l'association des greffes avec des substituts osseux de synthèse, des facteurs
biologiques de croissance osseuse. Depuis quelques années nous associons dans certains cas ces allogreffes à des os vivants venant du receveur
lui même (autogreffe), et dont les artères nourricières sont rebranchées sous microscope.
· Allogreffe de tout le fémur permettant la mise en place d'une prothèse après ablation d'une tumeur de hanche: le bassin (en haut de la photo)
appartient au receveur, le fémur autour de la tige (au milieu et en bas de la photo) est entièrement constitué par un greffon. Seule une
allogreffe massive peut assurer une telle reconstruction à la fois étendue (plus de 25 centimètres) et immédiatement solide. De plus les muscles
du receveur peuvent être reficés solidement sur ce greffon diminuant la boiterie après l'intervention.
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Stockage et conservation des greffons à -80° C |
Os en plastique et sur mesure, permettant la reconstruction précise du squelette du donneur |
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Mise en place d'une greffe de bassin au bloc opératoire. Notez les précautions prises dans la lutte contre l'infection: flux laminaire, scaphandres… |
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